L’île aux fleurs

Mise en ligne: 15 février 2007

Chef d’oeuvre du cinéma documentaire brésilien, ce film aborde en douze minutes les raisons pour lesquelles des hommes doivent disputer leur nourriture à des cochons

L’île aux fleurs est un court-métrage tourné par le cinéaste brésilien Jorge Furtado et a obtenu de nombreux prix, notamment un Ours d’argent au festival de Berlin en 1990.

Le film essaye de réponde à la question de savoir comment expliquer l’inexplicable, c’est à dire le fait que des êtres humains doivent disputer leur nourriture à des cochons, et cela dans la région la plus riche d’un pays riche, le Brésil, un pays riche plein de pauvres gens.

Il le fait en prenant le paradigme explicatif occidental, la science positiviste, au pied de la lettre, et en la forçant à dire ce qu’elle n’arrive pas à expliquer : pourquoi l’intelligence se permet-elle de coexister avec la misère, la faim, la cupidité, la crasse, l’inhumanité, pourquoi l’effort humain pour vivre heureux est-il ainsi quotidiennement gâché.

Et il le fait sans tomber dans la pédagogie à quatre sous, sans didactisme plat. Personne ne peut nier ces évidences mais chacun peut faire une lecture plus large. L’île aux fleurs est un document foncièrement polysémique, ouvert à des nombreuses significations.

Ainsi, parmi les résumés que en a fait la presse internationale, on peut lire qu’il s’agit :

- De la journée d’une tomate, de la plantation à la décharge.

- D’une parodie du dictionnaire, du documentaire, du reportage télé, de la matrice de tous les discours : la science positiviste.

- D’un réquisitoire contre la barbarie en générale et le capitalisme en particulier.

- D’un texte dirigé, d’un ton ironique, à des extraterrestres qui ignorent tout sur les êtres humains, leur planète, leur système économique, leurs croyances, leurs priorités, leur conception de la liberté.

- D’une réflexion sur le destin de l’homme pauvre, celui qui n’a pas conquis leur droit de citoyenneté et doit se disputer les déchets avec les porcs.

L’île aux fleurs est tout cela et plus encore. Et sa meilleure définition tient dans son dernier mot, une citation de l’écrivain brésilien Cecilia Meireles : La liberté, personne ne peut l’expliquer mais tout le monde peut le comprendre.

Voir le film.