C’est notre propre identité socioculturelle qui constitue un des obstacles majeurs à l’ouverture à l’altérité. Un essai de définition, d’après Margalit Cohen-Emerique
Le choc culturel est une situation conflictuelle qui se produit entre deux individus culturellement différents placées en interaction dans une situation sociale. Ces chocs culturels vécus constituent autant d’incidents critiques qu’il est utile d’analyser si on souhaite dépasser la situation de choc et avoir une chance d’apprendre sur ses propres cadres de références et sur ceux d’autrui. Le choc culturel en situation professionnelle est une excellente opportunité pour les travailleurs sociaux de réfléchir sur leurs attitudes en situation interculturelle. Comme l’explique Margalit Cohen-Emerique dans Antipodes n° 145), « la démarche pédagogique à envisager(...) se fonde sur deux constats :
1) La difficulté inhérente à tout individu de percevoir les différences culturelles, en particulier de groupes minoritaires. Les perceptions sélectives, la peur de l’étranger et de l’étrange, les préjugés, les ethnocentrismes, la tendance à la schématisation des différences et enfin les attitudes de dévalorisation, de discrimination et même de racisme constituent des filtres et des écrans cognitifs et affectifs, faisant obstacle à une ouverture à la culture de l’autre, à la reconnaissance et à la tolérance des différences.
2) L’intervention du professionnel auprès de ces populations est d’abord une rencontre, une communication interculturelle, les acteurs en présence étant tous deux porteurs de cultures. D’où l’importance de cerner ses propres modèles socio-empiriques, ses valeurs, ses normes, et son idéologie qui se manifeste sous forme de représentations, à travers lesquelles sont décodées les autres cultures. En bref, c’est notre propre identité socioculturelle qui constitue un des obstacles majeurs à l’ouverture à l’altérité différente. C’est la notion de choc culturel qui nous a permis de donner une méthodologie pour cerner les incompréhensions. Le heurt avec la culture de l’autre, c’est-à-dire ce qui nous paraît le plus déroutant et le plus étranger chez l’autre, joue comme miroir révélateur de sa propre culture et des zones les plus critiques dans la rencontre ».