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Mise en ligne: 12 mars 2008

Voici donc la ‘nouvelle’ Amérique latine

Ainsi donc l’Amérique latine serait en train de changer. Après les années de plomb des dictatures militaires et la décennie perdue à essayer d’attraper le coche fou du capitalisme sauvage, la démocratie reprend ses droits un peu partout, la croissance économique se met lentement en route, les mouvements sociaux mettent les pouvoirs aux défis de leurs revendications, un nombre significatif de personnes retrouvent une assise, une forme d’espoir, une force croissante.

Reste que les inégalités et la violence sont toujours le lot quotidien de la majorité de la population, obligé à travailler souvent sous des conditions sociales et environnementales d’un autre âge ou à émigrer.

Paradoxalement, lorsque ce visage nouveau voudrait faire surface, le fantôme de la guerre plane sur le ciel du continent sud-américain, suite à la crise ouverte entre la Colombie et l’Equateur et le Venezuela, menaçant ces trois pays qui à l’origine ne faisaient qu’un seul, la Nouvelle Grenade de Bolívar. Le pouvoir nord-américain qui surarme la Colombie et les gesticulations incessantes du président vénézuélien Hugo Chávez voudraient aller dans le sens du pire de scénarios.

L’Antipodes qui vous avez entre vos mains cherche à interroger l’actualité du continent en misant sur une certaine distance historique et une bonne dose de pluralité dans les points de vues et les abordages. De toute évidence l’étendu du continent, la richesse de sa diversité et la profondeur de ses contradictions nous permettent à peine de faire un tour d’horizon. Malgré les avis de tempête c’est un horizon sur lequel pointe une forme d’espoir.

Le soutien à la démocratie semble suffisamment répandu. D’après le Latinobarómetro 2007, 72% de la population continentale juge la démocratie le meilleur système de gouvernement et à peine 17% affirme que sous certaines conditions l’autoritarisme peut se justifier. Dans un continent longtemps gouverné par des militaires putschistes obtus et rapaces ce résultat est éloquent.

D’après ce même baromètre de l’état de l’opinion publique, le président brésilien Lula de Silva et la présidente du Chili Michelle Bachelet sont les mieux évalués parmi les dirigeants continentaux, tandis que Bush, Castro et Chávez arrivent tous les trois en dernière position. A ce propos, l’élection présidentielle nord-américaine prévue pour la fin 2008, si elle est un enjeu majeur pour l’ensemble de la planète, elle l’est en premier lieu pour l’avenir du continent américain. Ainsi l’ont compris les latino-américains et pas uniquement ceux qui vivent sur le sol nord-américain.

Une croissance économique soutenue quoique fragile et une puissante dynamique sociale qui ouvre des nouvelles espaces de participation devraient aller dans le sens de l’amélioration des conditions de vie pour la majorité de la population nous font croire que ses espoirs ne seront pas vains. Voici donc la ‘nouvelle’ Amérique latine.