En 2006, Le Forum d’éducation au développement Concord a mené une enquête parmi les ONG concernant le statut et l’impact de l’éducation au développement dans l’enseignement général et dans les programmes scolaires de divers pays de l’Union européenne. Trois ans plus tard, le programme Deeep (Development education exchange in Europe project) a commandé une nouvelle enquête et publié un rapport détaillé des résultats.
L’enquête porte sur sept dimensions de recherche. Vingt-neuf pays ont participé, au sein desquels l’enquête a été menée par des organismes représentant l’éducation au développement, mandatés par les plateformes nationales des ONG. Celles-ci ont collaboré pour la plupart avec des groupes de travail composés d’enseignants et d’autres représentants de l’enseignement général.
Résultats significatifs
Les principaux résultats mettent en évidence que :
- La gamme des thématiques perçues ou interprétées comme des problématiques globales dans les programmes scolaires et reliées aux sujets enseignés en classe s’élargit.
- Dans la majorité des pays (66%), les sujets d’éducation au développement sont considérés comme transversaux aux matières enseignées et ont été inclus dans de nombreuses disciplines au cours de ces trois dernières années.
- Mais l’intégration effective de l’éducation au développement au sein des programmes scolaires accentue inévitablement le problème de surcharge du système scolaire, dont l’augmentation de matière est difficilement gérable pour le temps d’enseignement. Ceci a été observé à travers toute l’Union.
- Il est aujourd’hui reconnu partout en Europe que le changement climatique et son impact progressif sur le développement durable sont d’une importance capitale. En témoigne l’augmentation de 300% de telles problématiques abordées dans les programmes et enseignées dans les classes depuis 2006.
Constats généraux
- Il existe des résultats significatifs qui attestent de l’accroissement des relations entre les ONG et les ministères et départements du gouvernement, dont Deeep, le Forum d’éducation au développement, le Centre Nord-Sud, Gene et Trialog, qui contribuent dans leurs rôles de plaidoyer, soutien et interprétation. Pour sa part, l’éducation au développement s’efforce de devenir un corps de travail plus professionnel.
- Les résultats attestent de planification, développement ou d’adoption de stratégies nationales pour l’ éducation au développement dans 16 des 29 pays, ainsi que de soutien et la reconnaissance pour ce champ de travail par le ministère des Affaires étrangères (ou équivalent) dans 27 des pays étudiés (comparé à 20 en 2006).
- Malgré que, de plus en plus, on reconnaisse l’importance et la nécessité de l’éducation au développement, une tendance à la diminution des fonds investis par le gouvernement pour les projets de développement a été observée, et le secteur de l’éducation au développement se voit quelque peu délaissé. Cela s’explique en partie par l’impact de la crise économique globale sur les fonds gouvernementaux pour les nouveaux pays membres et les budgets pour les projets dans plusieurs pays européens.
Les principaux thèmes et sujets d’éducation au développement identifiés dans le programme scolaire
- Droits de l’Homme : dans 22 des 29 pays.
- Changement climatique : dans 20 des 29 pays.
- Pauvreté mondiale : Dans 19 des 29 pays.
- Développement durable :dans 15 des 29 pays.
- Inter et multiculturalité, identité culturelle et diversité :dans 11 des 29 pays.
Etonnament, une problématique mondiale très médiatisée et à l’importance controversée, tel que le terrorisme global, n’est pas un sujet abordé.
Une collaboration des parties intéressées, comprenant les acteurs non-gouvernementaux et les gouvernements ministériels, les départements et les autorités en charge du programme, promeut le développement de :
- L’approbation officielle (ministérielle) des perspectives de l’éducation au développement qui sont adoptées au sein des projets scolaires et des programmes de cours (concernant 10 des 21 pays).
- La prise en compte de l’éducation au développement pour définir les nouvelles politiques d’éducation et les stratégies qui soutiennent la création du programme (de 8 à 13 pays).
- Les feed-back de professeurs en exercice et le soutien d’agences d’éducation au développement fournissent des points de référence et des preuves circonstancielles qui indiquent que les méthodes d’apprentissage interactives intégrant les événements globaux contemporains peuvent améliorer les problèmes de qualité de l’éducation scolaire, ainsi qu’affecter positivement les performances et l’intérêt des étudiants.
- L’enquête met l’accent sur le rôle substantiel que le ministère des Affaires étrangères joue dans la reconnaissance et la promotion de l’éducation au développement. Inversement, les ministères d’éducation de nombreux pays de l’Union sont toujours réticents à l’idée d’établir et d’implémenter des mécanismes – et stratégies – de soutien et de collaboration clairs et cofinancés, afin d’améliorer la qualité de l’apprentissage global à tous les niveaux de l’enseignement officiel. Cependant, le rapport principal détaille de nombreux exemples individuels nationaux de collaboration positive et de politique de développement, pendant que le dialogue d’engagement suit son cours.
Les ONG qui travaillent à l’éducation au développement sont perçues comme les bénéficiaires légitimes du soutien de l’Etat, pour leurs compétences et expertise en éducation et en gestion de projets. 83% (soit 24 des 29 pays) ont confirmé disposer de fonds gouvernementaux pour l’éducation au développement en 2009, bien que restreints.
Principales faiblesses
L’enquête soulève un certain nombre de problématiques concernant la reconnaissance et le soutien de la part des gouvernements.
La difficulté la plus largement observée relève de l’insuffisante reconnaissance, le manque d’intérêt ou de guidance de la part du ministère d’Education (ou équivalent), ainsi que de l’octroi limité et inadéquat de subventions ou d’autres soutiens financiers.
Mais les faiblesses et problèmes principaux rencontrés globalement et identifiés au sein des systèmes d’enseignement nationaux, en ce qui concerne particulièrement la transmission d’éducation au développement autant pour les professeurs que pour les étudiants, sont dans cet ordre :
1.Disponibilité limitée, qualité et niveaux insuffisants de la formation initiale et continue des professeurs.
2.Manque de reconnaissance, d’intérêt ou de guidance de la part du ministère d’Education (ou équivalent).
3.Manque de matériel et de méthodologies d’apprentissage d’éducation au développement (pour écoles).
4.Manque, ou inadéquation, de subventions et de soutien financier, aussi bien pour le soutien du programme lui-même que pour les coûts des projets.
5.Un programme d’études surchargé.
Le débat sur la terminologie la plus appropriée et pertinente continue. « Education au développement » est le plus souvent utilisé par des acteurs extérieurs à l’école, comme les ONG, les administrations publiques, la Commission européenne, tandis que le milieu scolaire se réfère plutôt à l’apprentissage global, la citoyenneté mondiale, l’éducation globale, la dimension globale et d’autres encore, termes qui sont mieux compris et plus largement utilisés dans le champs de l’enseignement.
Deux objectifs importants émergent de l’enquête. Premièrement, la notion de l’éducation à la citoyenneté mondiale , en tant que but, qui s’étend au delà des limites de la responsabilité nationale et provinciale en incluant la globalité. Cette notion a été identifiée dans les réponses de 19 pays. Et deuxièmement, le développement durable (apprendre à le reconnaître et à y contribuer), en tant que priorité pour notre futur collectif.