Propos d’Issaka Traoré recueillis par Antonio de la Fuente
Issaka Traoré, vous faites partie de la Coordination des organisations de la société civile burkinabée et à ce titre vous avez participé aux négociations qui mènent la transition démocratique au Burkina Faso. Dans quel état d’esprit abordez vous cette transition ? Etes vous confiants, vigilants ?
Nous avons demandé et obtenu une transition démocratique, civile, apaisée et inclusive. La négociation entre les organisations de la société civile, les partis politiques , les militaires et la communauté internationale a abouti à un compromis au nom de la paix. Un compromis, pas un blanc-seing.
La participation de la société civile est donc parvenue à influencer le cours des événements…
La participation de la société a beaucoup influencé le cours des événements. La Coordination des organisations de la société civile a réuni pendant 48 heures un ensemble d’organisations pour rédiger un avant projet de charte de transition. C’est ce document qui a servi de base de négociations dans les pourparlers et a abouti à une charte consensuelle, qui a été ratifiée par la suite à la Maison du peuple. La Coordination des organisations de la société civile a été représentée par 25 membres sur un total de 90 membres du Conseil national de la transition. Le président du Conseil est issu de la société civile.
Nous avions demandé une transition politique s’étendant sur une période de six mois et nous avons obtenu que des élections démocratiques soient organisées dans un délai de neuf à dix mois au maximum, mais la durée totale de la transition ne saurait excéder les douze mois. Une fois le président installé, il a nommé un premier ministre et un Gouvernement, dans lequel il n’y a pas des membres proposes par la Coordination d’organisations de la société civile, ce qui n’est pas un problème dans la mesure où cela nous permet de garder une position de veille et de peser ainsi sur les processus en cours.
Ce que nous n’avons pas encore réussi à mettre en place, c’est la Commission de réconciliation nationale et des réformes, mais nous réfléchissons avec les autorités de transition à la meilleure manière de l’installer.
Par ailleurs, les autorités ont pris des engagements en matière de justice : la réouverte du dossier Guiro, du nom d’Ousmane Guiro, le directeur des douanes qui a été déferré à la maison d’arrêt d’Ouagadougou en 2012. De plus, les autorités ont pris deux autres engagements principaux : exhumer le corps de Thomas Sankara et vérifier à travers la preuve de l’ADN qu’il s’agit bien du corps de feu le capitaine ex-président du Faso.
Au delà de l’exhumation du corps de Thomas Sankara, ils ont également pris l’engagement d’accélérer en justice ce dossier ainsi que celui du journaliste Norbert Zongo assassiné par le régime Campaoré en 1998.
La vie suit son cours à Ougadougou…
La vie a repris son cours à Ougadougou et dans tout le Burkina Faso. La population est très attachée au processus de transition démocratique et il nous faut constater qu’il n’y a pas de violations des droits de l’homme pour le moment. Mais il nous faut rester vigilants.