Propos d’Olivier Marboeuf, Retranscrits par Virginia Pisano.
Pourquoi je suis là aujourd’hui
C’est une position pas tout à fait confortable d’être le seul intervenant de la journée, nous avons eu des temps collectifs jusque là, je vais déjà dire un mot sur ça...
En fait, être dans une situation inconfortable ce n’est pas toujours inintéressant… parce que ça pose une question qui est globale : à quoi ça sert de faire ça ?
Alors pourquoi j’ai accepté cette invitation et pourquoi je suis là avec vous aujourd’hui ? Pourquoi on a besoin de ça ? Cela pose la question des usages, de la circulation entre des expériences qui vont être vécues, pratiquées et des expériences qui vont être mises en récit.
Ce qui m’intéresse c’est la manière dont ces expériences mises en récit peuvent revenir sur le terrain, donc c’est la question des usages, qui est une question différente de la reconnaissance qui traverse aussi beaucoup notre champ de travail.
L’une des raisons de cette rencontre est de trouver une manière de s’allier avec différents niveaux de visibilité d’alliance, de sortit de l’idée que le seul niveau qui vaille soit le plus visible, de sortir même de l’idée que rendre visible est la seule manière de produire de la valeur… c’est ce qui est en train de se passer dans nos sociétés, c’est à dire une forme d’équivalence entre visibilité, récits visibles et valeur, valorisation… Et d’ailleurs on l’entend lorsque des personnes issues des mondes minoritaires se présentent comme invisibilisées.
Mais la question est : est-ce que le constat d’avoir été invisibilisés par un système conduit-il directement à un désir de visibilité ?
C’est ce qui est en train de se construire et pour moi c’est un piège.
A mon avis la question est de savoir quels sont tous les régimes entre invisibilité et visibilité que l’on peut construire pour structurer nos alliances, et quels sont les niveaux qui ne doivent pas être visibles ; quels sont les niveaux qui stratégiquement doivent être visibles et comment on peut décider d’être visibles.
Et donc, la question qui se pose est pour moi : quelles seraient les conditions d’apparition des minorités dans la société française….
C’est à dire, à partir de quel moment on sort, avec tous les risques ce cela comporte, et avec quels types de stratégies et d’arguments.
Est-ce que l’on subit d’être exposé à la lumière ? C’est le cas de certaines personnes issues des minorités qui sont projetées sous les réflecteurs pour représenter toute une communauté. Ou alors est-ce que l’on est capable de décider comment on veut apparaître ?
On est au tout début d’un travail de réflexion sur cette question.
Pour moi le rapport entre un travail de réflexion et un travail de terrain est presque un travail respiratoire, d’inspirer, expirer, inspirer, expirer… les oppositions qui sont construites entre un travail intellectuel, disons académique, et un travail de terrain sont pour moi artificielles. On le prend ou on ne les prend pas, je ne sais pas. Ce que je sais c’est que les gens en face de nous et qui ne sont pas nos amis, eux ne se privent pas de travail intellectuel. Nous si on s’en prive il va falloir comprendre pourquoi on le fait, et pourquoi on se désarme de la possibilité d’avoir peut-être des outils pour faire des choses.
Maintenant je ne présume pas la manière dont on va associer travail intellectuel, travail de terrain, travail militant, ça c’est un maillage à inventer toujours en contexte.
Proposition spéculative : et si la médiation n’était pas qu’une question humaine ?
J’ai passé ces deux journées en observateur du travail des membres de la plateforme et du travail qui a été réalisé ce matin en collectif, et je vous propose maintenant un ensemble d’éléments de réflexion, dont le premier est la question de la médiateur.rice comme observateur.rice.
En général on va tout de suite sauter à l’endroit où le.la médiateur.rice va médier une situation pour des publics. Mais en réalité avant ça iel est dans un poste d’observateur.rice. Et la question qui m’intéresse est : qu’est ce qui va ressentir le.la médiateur.rice et qui regardent les mediateur.rices ?
Ce que je vais vous dire aujourd’hui vient de quelqu’un qui a observé les médiateur.rices pendant longtemps. On ne se pose jamais la question de ce qu’on voit, de ce que l’on observe, ce que cette position nous permet de voir que d’autres positions ne permettent pas.
Donc, la question c’est : qu’est-ce-qui nous regarde et qu’est-ce-qu’on regarde nous les médiateur.rices ?
J’ai été directeur d’un centre d’art associatif, Khiasma, pendant 20 ans en Seine Saint Denis et cela m’a permis d’observer des situations, de réfléchir à d’autres hypothèses. Il y a un espèce de cadre, de non dit, un invisible de la situation, le fameux « as if » en anglais, « comme si ». Et si on ne revient pas sur ce point de départ non dit, il y a tout un nombre de choses qu’on ne va pas pouvoir faire.
Quand j’écoute les interventions aujourd’hui, je dirais que le cadre dans lequel se déroule la médiation est presque sensé être déjà là, connu ; la médiation par définition se passe dans ce cadre là. Par exemple, on se dit que la médiation se passe forcément entre des humains, et là je vais faire un premier pas dans un espace spéculatif, on va rentrer doucement.
On a un à priori, c’est qu’une action de médiation serait le rapport entre des humains.
La première proposition spéculative dans laquelle je vais m’engager avec vous c’est l’idée de décentrer la question de l’humain de la médiation.
Quand je dis spéculatif, ça veut dire quoi ? Peut-être qu’en Belgique c’est plus connu car il y a une école de philosophie spéculative… ça veut dire proposer un « comme si » qui serait différent, donc s’engager dans une réflexion à partir d’un premier « comme si » qui n’est pas évident mais qui serait différent.
Et si par exemple la médiation n’était pas qu’une question humaine ? La question de la philosophie spéculative est essayer de se dire que changer une situation n’est pas uniquement un moment de changement radical, mais c’est aussi gouter à une autre possibilité jour après jour. Et donc la question spéculative est de nous entrainer à répéter une autre possibilité, de se dire « le monde il est comme ça, et si chaque jour je prépare mon corps ma vie à autre chose »… c’est tout un courant de pensée.
Alors pourquoi s’intéresse-t-on au décentrement du corps humain ? En fait, décentrer ne signifie pas éliminer, mais décentrer l’humain signifie sortir de la solidité autour de laquelle on va articuler toute notre réflexion.
Notamment de la question de la subjectivité humaine, c’est à dire, les choses existent parce que les humains les regardent. On va regarder les tableaux et cela va les faire exister, tout va se passer comme si la subjectivité humaine quelque part définit ce qui se passe.
L’un des premiers éléments spéculatifs que je pose pour les médiateur.rices c’est qu’il y a une vie des objets quand les humains ne sont pas là. C’est une perspective animiste qui dit que les objets n’ont pas besoin de nous pour avoir des rapports entre eux.
La salle d’exposition lorsqu’elle est vide est pleine d’un ensemble d’échanges qui n’ont pas besoin de notre présence pour exister.
Là vous allez comprendre pourquoi je fais ce détour. Si on enlève la présence humaine on se dit qu’il y a des possibilités d’existence qui ne sont pas humaines et qui s’expriment sans besoin des êtres humains. Alors, qu’est-ce qui se passe avec des humains ? Qu’est-ce qu’ils viennent interrompre ?
Par exemple on pourrait se dire que les objets sont interrompus dans leur conversation quand les humains pénètrent dans la pièce et ils se mettent à parler et vont remplir l’espace de paroles parce qu’ils ont peur du silence, ils vont expliquer la biographie et l’intention de l’auteur, faire un atelier de médiation qui vont remplir l’espace par peur de cet espace vide de silence, qui est évidemment un espace conflictuel.
Le rôle du/de la médiateur.rice vigile
Tout a l’heure on a dit que la que la question du conflit est toujours anticipé dans l’espace de médiation car le rôle classique du.de la médiateur.rice est celui de vigile, de gardien.ne. Quand j’ai observé ce métier je me suis dit que ce sont des gens qui font en sorte que ça se passe bien, même inconsciemment, ils essaient de contrôler une situation et anticiper des conflits possibles et de les régler.
C’est une attitude qui est tourné vers la direction de la pacification.
L’atelier s’est bien passé ? oui, les élèves ont fait ce qu’on leur a demandé,
ils étaient sages, alors que sortir de l’école pour les élèves c’est l’occasion d’exploser dans un autre espace, on devrait être content dans un centre d’art ou musée que les élèves expriment le sentiment de libération qu’ils devraient pouvoir retrouver dans un espace d’art alors qu’il rentrent dans un nouvel espace de contrôle.
Lorsque je montrais une installation à l’espace Khiasma, les étudiants de première technologique étaient arrivés de bon matin et la prof de français m’avait pris à part pour s’excuser de l’attitude de ses élèves qui rigolaient ou dormaient… ils étaient entassés les uns sur les autres, c’était que des garçons, quand on voit le rapport au corps qu’ils ont j’étais assez impressionné de la manière dont il y avait un lâché prise. Et j’ai pensé moi ça me va en fait, moi aussi j’ai été un jeune comme ça et c’est une revanche. Si j’ai fait un centre d’art c’est pour que cela arrive.
Ici encore une fois l’oeuvre qui crée une situation est un prétexte pour une autre situation, une situation inédite, impensable, non dite, la situation invisible qui est des corps masculins les uns sur les autres dans le noir pendant une journée d’école. Assez dur d’imaginer qu’on arrive à faire ça ! Il y a donc un deuxième niveau de récits de l’expérience de la médiation, des choses qui peuvent se passer qui ne pourraient pas se passer sinon.
On avait offert quelque chose qui n’avait pas de narrateur, personne n’a été capable de traduire l’expérience. L’expérience je l’ai vue et je vous la raconte, c’est aussi ça le travail de médiation, un travail de narration qui permet de donner de la valeur à ce qu’il paraît ne pas en avoir.
Donc la question visible de ce qu’on semble faire quand on fait de la médiation n’est qu’une partie de ce travail. Encore une fois les conditions de nos alliances sont des conditions de stratification de différentes expériences qu’on partage.
La médiation est peut-être un camouflage plus qu’une véritable expérience artistique, peut-être que faire de la médiation c’est faire semblant de faire quelque chose pour faire autre chose.
Dès lors qu’on ouvre la possibilité de faire semblant, on ouvre un ensemble d’autres stratégies qui sont liés aux histoires minoritaires. Dans n’importe quelle lutte minoritaire le faire semblant est toujours au coeur.
Si tu veux survivre en plantation il faut quand même faire un peu semblant d’aimer le patron. C’est très important. Et comment tu fais semblant, c’est bien le connaître, l’observer et lui dire ce qu’il a envie d’entendre. Ça c’est de la médiation.
Mais ça permet de faire autre chose, de préparer une fuite, de faire un jardin, de se soigner, et un jour on empoisonne son patron.
C’est pour dire qu’évidemment qu’il y a un cadre institutionnel rigide pour la médiation. Il y a des situation de fragilité dans la médiation, il faut réfléchir à tout ce que l’on peut faire d’autre pour rendre la médiation agissante, et parfois ça se fait dans la partie invisible du métier.
Le corps archive du.de la médiateur.rice
Je vais venir à pourquoi décentrer la question humaine. Il faut la décentrer pour la réfléchir autrement.
J’utilise beaucoup dans mon travail le concept de corps pour parler d’un site. Si on considère que tout un ensemble de choses possède une subjectivité au delà du corps humain, alors le corps de la médiatrice c’est un site qui va être traversé par toutes se subjectivités. C’est à dire que l’une des pratiques de la médiation est de se rendre disponibles à tout un ensemble d’histoires, de choses qui circulent dans l’espace.
On pourrait considérer qu’au lieu d’avoir une subjectivité agissante, la médiation aurait exactement le contraire, c’est à dire une capacité réceptrice, qui va développer des sens de réception, une capacité à recevoir des énergies de l’espace visible et de l’espace invisible, des gens qui sont en face d’elle ou pas. Une de mes hypothèses de travail c’est que le corps de la médiatrice soit un corps archive.
Quand on devient corps-archive là il y a quelques choses qui se passe.
Je pense que c’est un corps archive sans propriétaire, qui délaisse une partie de sa subjectivité, un corps qui a travaillé pour recevoir un ensemble d’informations, Le corps de la médiation est un site affecté pas transparent. Il a une certaine texture et histoire qui va être traversé par une autre histoire et qui est affecté par elle.
Faire parler et faire raconter, produire des histoires.
Les histoires que racontent la médiatrice ne sont pas des histoires propriétaires, c’est quelqu’un qui ne raconte pas ses histoires mais les histoires qui l’ont traversé.
C’est la question de la responsabilité en terme d’archive et donc le lien vis à vis de la communauté et non pas vis à vis de l’institution qui est importante.
Décentrer l’humain de la médiation, un exemple
Mais pour qui travaillent les médiateur.rices ? Je vous raconte une histoire qui me semble intéressante. L’année dernière j’ai été invité à l’ile de la Réunion par un collectif d’artistes qui connaissait mon travail et m’a raconté qu’iels s’en inspiraient pour construire leur centre d’art. Ils voulaient réfléchir avec moi à la médiation de l’exposition qui était programmée, une installation d’artistes « d’Outre mer », appellation que j’espère va se terminer un jour un l’autre.
On me dit que le responsable de la propreté de l’établissement voudrait me parler. Je rencontre cette personne qui me dit « j’ai vu comment tu circules dans l’exposition. Tu connais cette oevure ? » et moi je répète ce que le médiatrice a dit « c’est une oeuvre de Jean François Boclé, artiste martiniquais, c’est une série de 48 mains moulées dans la terre qui sont une critique à Léopold II qui faisait couper les mains de ses ennemis pour qu’ils ne puissent pas tenir d’armes » je fais ma leçon en somme ; et il me répond « tu crois que c’est vraiment ça ? » et je me dis que je ne suis pas sure. Il me demande « où on est là ? » et moi « on est au centre d’art de la Réunion », et lui « non où on est vraiment ? On est à l’ancienne gare de Saint Denis de la Réunion. C’est là qu’arrivaient les esclaves et on les distribuait sur les cotes de l’ile. La première chose qu’ils voyaient c’était cette gare. Ici il y avait des chasseurs d’esclaves qui marronaient dans les montagnes et les châtiaient pour donner des leçons aux autres objets-esclaves. » Et il continue « ici ces chasseurs d’esclaves devaient ramener des morceaux du corps comme preuve car l’ile était trop escarpée pour ramener le corps entier. Du coup j’ai compris que ces mains étaient ces morceaux de corps et que d’autres connaissaient cette histoire.
Alors chaque jour quand je fais le ménage je fais le nettoyage de la salle d’exposition, j’ai emprunté un chemin qui fasse attention aux énergies invisibles présentes dans la salle et qui remettent en jeu le retour de cette histoire. Je ne nettoie jamais ce coté avant celui ci, je ne fais jamais ce tour mais plutôt celui là… ». Ça s’est une médiation de malade ! c’est dingue !
C’est pour cela que la question du rôle du de la médiateur.rice est la question de l’intercesseur entre le visible et l’invisible, entre les histoires passés et celles présentes et à venir.
La médiatrice doit être capable de nous raconter des histoires qui dépassent sa seule expérience. Elle est dépositaire des histoires des personnes qu’elle rencontre, c’est ça la responsabilité !
Ça ne doit pas être une responsabilité autoritaire pour qui contrôle que les gens ne déconnent pas. Alors que habituellement le problème qu’on a avec la médiation c’est qu’elle impose un usage autoritaire du savoir.
Sortir d’un rapport autoritaire au savoir
Or voyons comment on pourrait sortir de ce rapport autoritaire qui est aussi en soi un rapport de fragilité du statut de médiateur.rice, de subordination des médiateurice. Subordination dans le sens que l’on doit porter l’histoire que l’institution qui nous emploie nous a demandé de porter… la question de réfléchir la médiation est aussi de sortir la médiation de cette subordination toxique et l’amener vers une fonction pour la communauté.
Certaines formations à la médiation amènent la médiation en direction d’une pratique d’auteur.e. L’idée même d’être valorisé va vers un statut de propriétaire, d’auteur qui gagne sa vie avec des droits d’auteurs. Dans ces formations on déplace ce savoir non propriétaire vers un savoir propriétaire, qui s’inscrit dans une économie capitaliste qui dit « tu ne prends de la valeur que lorsque tu es propriétaire d’un savoir ». ça c’est à nous de le changer et de penser que cette personne a de la valeur pour la communauté.
Je crois que la médiation doit s’éloigner de ces figures du XIX siècle qui détiennent un savoir propriétaire qui décident qui a ou n’a pas un rapport démiurgique à la création.
A mon sens, inventer quelque chose dans la médiation ça veut dire se rendre disponible pour que cela apparaisse à travers nous les médiateur.rices. Je n’ai pas inventé un tableau ou une histoire, cela trouve mon corps pour apparaître. Si on sort des subjectivités humaines qui pensent qu’elles inventent tout ce qui existe, et on imagine au contraire que les choses existent déjà et nous traversent, elles sont traduites par nos corps pour apparaître dans le monde visible, on sort de cette logique autoritaire de qui produit le savoir.
La question est comment former les médiateur.rices à une sensibilité aiguisée à l’extrême pour qu’iels deviennent capables de traduire des choses qui les traversent ou qui ont été dites par d’autres, comme je l’ai fait aujourd’hui avec l’histoire de la personne que j’ai rencontrée au musée de la Réunion.
Et maintenant c’est à vous de continuer à raconter cette histoire pour que ça prenne de la valeur, de la valeur qui ne sera pas propriétaire.
Une nouvelle fonction et un nouveau statut pour les médiateur.rices
La conséquence de ça est de s’interroger en terme de statut du métier. Pour qui travaillent et pour qui devraient travailler les médiateur.rices ?
C’est la question de la fonction.
La fonction de conteur que je défends est de répéter des histoires entendues pour qu’elles fassent leur chemin dans la tête des gens. Les médiateur.rices doivent avoir des fonctions de sorcières ou de conteur.ses. Sorcières car ils doivent aider les gens possédés par les objets, pour en faire un régime de sentir et de savoir particulier.
Figures conteuses car sinon le savoir s’arrêterait s’il n’est pas retransmis. Je dis sorcière aussi pour les hommes car le sorcier a souvent été dans l’histoire dans un rapport de subordination au chef, alors que la sorcière est une figure d’autonomie.
La société doit se donner les moyens de financer des médiateur.ruces pour qu’ils puissent travailler de façon autonome, sans lien de subordination avec l’institution.
Ces médiateur.rices enregistrent touts les savoirs qui sont mis en circulation, mais iels ne peuvent pas le faire si iels agissent dans une institution dont
l’objectif est de passer un méta-discours à travers leurs corps.
Il s’agit donc de créer des structures qui ne sont pas institutionnelles…