North-South School Linking Project - Des liens entre écoles, oui, mais comment ?

Mise en ligne: 22 septembre 2015

par Mário Furtado

Le défi était, et continue à l’être, monumental : expliquer, ou essayer d’expliquer, de quelle façon l’éducation au développement peut constituer un outil indispensable pour édifier une liaison durable, solide et pédagogiquement fructueuse entre deux ou plusieurs écoles du Sud et du Nord.

C’est sur la base de cette préoccupation que cinq organisations européennes ont construit et accompagné, de 1998 à 2000, School Linking Project [1]. Sur le site web du projet www.schoollinking.net, toujours en ligne, sur lequel cet article s’appui, un paragraphe nous informe qu’on savait qu’il existait « au sein de l’Union européenne une reconnaissance croissante de l’importance de l’éducation au développement durable.

De plus, les écoles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à l’établissement de liens avec des écoles du sud en vue d’enrichir la dimension internationale de leur enseignement. De nombreuses questions émergent du fait du développement de cette tendance, et concernent notamment la qualité, l’égalité et la continuité dans le domaine des liens scolaires, par exemple :
« -*En quoi un lien scolaire peut-il contribuer à la compréhension internationale et à l’éducation à la citoyenneté mondiale ?

  • Comment les écoles établissent- elles un lien sur une base d’égalité et en évitant de renforcer les stéréotypes ?
  • Comment intégrer un lien dans le cadre du cursus et des programmes scolaires ? ».

Et voilà, le projet était né et il a même reçu un nom immense : Partage de l’information et évaluation des liens scolaires pour l’éducation au développement dans l’Union européenne.

Dès les premiers instants, une préoccupation s’est imposée : comment contribuer à un protagonisme progressif des partenaires du Sud ? Les objectifs prévus (et pratiquement atteints) ont consisté, au-delà du site web, en l’élaboration de rapports sur divers pays d’Europe et du Sud et l’organisation d’une conférence internationale où l’on pourrait échanger des informations et réfléchir sur les expériences existantes et leur évolution dans un cadre d’éducation au développement. Cinq rapports ont été rédigés, ceux du Royaume-Uni, des Pays-Bas, du Portugal, de la Tanzanie et de l’Indonésie, ces deux derniers comme témoignages du Sud.

Chacun des rapports (disponibles sur le site web) a analysé la politique nationale de liens entre écoles de tous niveaux, dans un contexte d’éducation au développement, et, évidement, les différentes réalités ont été étudiées, depuis l’expérience britannique déjà très structurée (voir www.oneworld.org/epo ou www.wotw.org.uk) jusqu’à un début plus précaire en Indonésie, en passant par des exemples isolés, au Portugal.

Si nous réfléchissons un petit peu sur la réalité portugaise, on vérifiera que sa spécificité passe par la subvention directe du Ministère de l’éducation, un événement rare au Portugal et qui mérite un moment d’attention. Graduellement, les gouvernements du Portugal, un des pays les plus pauvres des Quinze, sont de plus en plus conscients du besoin d’une nouvelle forme d’envisager l’éducation. Des instituts spécialisés ont été créés pour étudier soit la croissante réalité multiculturelle, soit les innovations pédagogiques que ce nouveau siècle impose. Cela dit, il faudra aussi bien admettre qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, et que la philosophie apportée par l’éducation au développement est un instrument à considérer. Au Portugal, comme dans d’autres pays de l’Europe occidentale, les élèves ont une origine culturelle multiple croissante, soit africaine soit de l’Est de l’Europe, hindou ou musulmane, pour un total de quatorze groupes culturels diversifiés et identifiés selon les données officielles recueillies au moment de la recherche conduite au cours du projet. Le travail de liaison entre écoles portugaises et celles d’autres continents, Afrique, Asie ou Amérique latine, que plusieurs professeurs développent, résulte exclusivement du produit de leurs efforts personnels et non pas d’une politique systématique nationale. Si l’on peut parler d’appui officiel ce n’est qu’exceptionnellement et l’on constate que, dans la plupart des cas, ce sont les autorités du pouvoir local qui fonctionnent comme un vrai moteur de liaison. Un mot encore pour les éducateurs qui travaillent dans un esprit d’éducation au développement (on peut compter des dizaines d’exemples) sans jamais avoir entendu parler d’un tel concept.

Revenons maintenant à notre projet, qui a atteint son apogée avec la réalisation de la conférence internationale de Soesterberg, Pays-Bas, en mai 2000, afin de « -*passer en revue des modèles de liens Nord-Sud

  • débattre des implications des rapports des 5 pays et de l’expérience dans des pays supplémentaires ;
  • faire une contribution initiale pour l’évaluation et établir des paramètres pour l’étude de suivi ;
  • évaluer l’impact des liens scolaires dans des pays du Nord et du Sud
  • produire du matériel d’information à l’intention des écoles, à publier sur le site Internet créé à cet effet ».

Le public cible était les « enseignants du primaire et du secondaire du Nord et du Sud impliqués dans l’éducation au développement ; les éducateurs et représentants d’organisations non-gouvernementales ; les représentants de ministères de l’Education, de la coopération au développement et des pouvoirs locaux ». Ses objectifs étaient d’évaluer « au sein de l’Union européenne, des pratiques actuelles de liens scolaires en tant qu’outil d’éducation au développement, et leur impact sur des écoles dans le Sud » ; échanger des informations sur les modèles efficaces de liens scolaires ; promouvoir « des actions » ; encourager « des liens scolaires comme l’un des moyens d’enrichir le développement durable ». Avec une participation sélectionnée de plus de nonante personnes, dix ateliers ont été prévus et réalisés :
1) Le caractère pratique du lien entre écoles
2) Des jumelages d’écoles dans le cadre de villes jumelées
3) Le lien scolaire dans le cursus de l’enseignement secondaire
4) Des liens avec des ONG dans l’enseignement secondaire
5) Motivation, valeurs et évaluation
6) Evaluation et liens entre écoles
7) Les technologies de l’information et de la communication
8 ) Les liens entre écoles et l’éducation au développement
9) Education élémentaire, les liens scolaires et la question de l’environnement
10) L’apprentissage interculturel et les liens entre écoles par le biais du Guest Teachers Programme.

L’évaluation faite par les participants (qui peut être intégralement consultée sur le site web déjà mentionné) est fortement positive. Une réunion spéciale a été réalisée pour les participants du Sud, au cours de laquelle tout le monde s’est accordé sur le fait que « les liens scolaires Nord- Sud peuvent être d’une grande valeur en ce qui concerne le curriculum et les pratiques d’apprentissage des pays du Sud, en offrant des possibilités concrètes pour que Sud apprenne avec le Nord et le Nord avec le Sud ».

[1Alice O - Global Education, Pays- Bas, qui cordonnait, DEA - Development Education Association et CB – Central Bureau, Royaume Uni, CIDAC – Centre d’information et de documentation Amílcar Cabral, Portugal, et Centre Nord Sud du Conseil de l’Europe. Ce projet a été subventionné aux Pays-Bas par NCDO, Novib, HVO-Herr Heerhugowaard, PIN et Alice O ; au Portugal, par le Ministère de l’éducation ; au Royaume Uni par Woodward Trust, le Département pour le développement international, le Central Bureau et la DEA ; en Europe, le Centre Nord Sud du Conseil de l’Europe et la DG VIII de la Commission européenne